Par Élodie Viguier - le 24/08/2022 à 14h48Mis à jour le 24/08/2022 à 15h18 Après plusieurs mois de production interrompue, les éleveurs de palmipèdes peinent à faire entrer les canetons dans leurs fermes, mettant à mal la filière. Le manque de marchandises dans les couvoirs, où de nombreux reproducteurs ont été abattus, explique cette pénurie Y aura-t-il du foie gras lot-et-garonnais à Noël ? Chaque été, la question se pose. Mais cette année, l’inquiétude est encore plus grande. Dans les campagnes lot-et-garonnaises, les éleveurs de canards peinent encore à retrouver un rythme normal. La plupart, dépendants des couvoirs de l’ouest de la France où le virus H5N1 a fait des ravages, ne...Y aura-t-il du foie gras lot-et-garonnais à Noël ? Chaque été, la question se pose. Mais cette année, l’inquiétude est encore plus grande. Dans les campagnes lot-et-garonnaises, les éleveurs de canards peinent encore à retrouver un rythme normal. La plupart, dépendants des couvoirs de l’ouest de la France où le virus H5N1 a fait des ravages, ne reçoivent plus de canetons. Ou au compte-gouttes. C’est le cas de Laurence Le Guillou, éleveuse installée à Hautevignes, à la ferme de Bessonnet. On travaille comme autrefois. On envoie nos plannings au couvoir au printemps, on cuisine ensuite l’hiver. » Après de longues semaines de stress passées en zone réglementée, puis en zone de surveillance, la productrice de foie gras a passé commande auprès de son couvoir, situé dans le Maine-et-Loire. Sur les sept lots que je commande habituellement, seuls trois ont été validés », soupire celle qui, depuis juin, n’a reçu aucun caneton. Je vais commencer à gaver à la mi-septembre, puis je cuisinerai en octobre. J’aurai ensuite une période creuse en novembre, faute de canards… »Le mal-être des petits producteursLaurence s’inquiète pour sa clientèle. Certains nous sont fidèles depuis plus de trente ans. Cet hiver, pour les fêtes, je ne pourrai assouvir toutes les demandes. Et il est hors de question pour moi de rationner mes clients ! »Cet été, même si le virus regagne du terrain en Bretagne, toutes les zones sont levées en Lot-et-Garonne. Mais, hélas, nous subissons encore aujourd’hui les mauvaises décisions de l’administration », souffle Aurélie Mella, élue de référence à la Chambre d’agriculture. Au plus fort de la crise, de nombreux animaux reproducteurs ont été abattus dans les principaux couvoirs, comme celui duquel dépend la ferme de Bessonnet. Cet été, ils manquent d’œufs. Comme la plupart des couvoirs sont la propriété de grands groupes industriels, ils approvisionnent en priorité ces grands groupes. Et ne livrent plus les petits producteurs ! », détaille encore Aurélie cette pénurie de foie gras, dont le prix pourrait frôler l’indécence en fin d’année, se cache un constat bien plus alarmant le mal-être de la filière volailles et palmipèdes. Je gave des canards depuis trente-six ans. C’est la plus grosse crise que nous ayons vécue. » Les canards de Laurence Le Guillou ont été testés positifs en février. Puis négatifs à la faveur d’un deuxième test. C’était l’ascenseur émotionnel. Psychologiquement, cela a été très compliqué. » Se sont ajoutés à cela les coûts inhérents aux mises aux normes en termes de biosécurité, et aux différentes batteries de tests effectués sur les volailles. Ce sont les éleveurs qui prennent tout à leur charge ! »Économie parallèle Nous nous attendons à revivre un hiver terrible. Tant qu’il n’y aura pas le vaccin, la situation ne s’arrangera pas », peste Aurélie Mella, qui accuse l’État d’avoir créé une filière parallèle. Clandestine. Les petits producteurs font tout pour s’approvisionner en canetons. Ils essaient d’avoir des canards par tous les moyens. Quitte à aller voir les grandes structures, et à leur payer les animaux au black… L’administration est allée trop loin. Et plus personne n’attend des subventions qui ne sont pas à la hauteur des pertes subies… Ils veulent travailler. » Dans ce contexte, l’élue de la Chambre craint pour la traçabilité des animaux. Si l’État continue ainsi, cette traçabilité à laquelle il tient tant n’aura plus de sens. »